La Bibliothèque des coeurs cabossés



Auteur : KATARINA BIVALD

L’histoire : Été 2011, une touriste suède arrive à Broken Wheel dans l’Iowa. Souris de bibliothèque, Sara vient rencontrer Amy avec qui elle a tissé une amitié épistolaire. Cependant rien ne se passe comme prévu, et la voilà coincée pour deux mois dans une ville presque déserte, au milieu des champs de maïs. Rude épreuve pour la jeune femme, habituée à vivre dans ses livres.
Face aux personnages atypiques qui végètent dans la ville, elle est persuadée que la lecture peut changer les choses. Ce qui est sûr c’est qu’elle ne s’attendait pas à certains résultats.

Extrait : Annie May choisit ce moment pour se faufiler à l’intérieur de la boutique. Elle se fraya un chemin jusqu’au comptoir. Les habitants de Hope s’écartèrent gentiment sur le passage de cette vieille dame, ce qui impliqua malheureusement qu’ils se retrouvèrent amassés autour d’elle, tournés vers Sara, lorsqu’elle se pencha en avant et demanda dans un chuchotement que tout le monde entendit :
— Excusez-moi, je voudrais des … romans d’amour.
Elle regarda autour d’elle, se pencha encore davantage et dit tout aussi fort :
— Rien d’indécent, bien sûr.
Puis elle ajouta, pleine d’espoir :
— Avez-vous des Harlequin ?
 


Mon avis : une histoire étrange, qui sent la poussière d’été et celle des bibliothèques. Dans cette ville étouffée par l’ennui, où il ne se passe rien, le personnage principal se décrit lui-même comme transparente et fade. On finit par se demander comment une histoire peut démarrer dans un tel univers. Et pourtant quelque chose s’éveille, quelque chose d’atypique, d’un peu déconcertant et de doux. Une photo jaunie qui reprendrait des couleurs. Je l’ai surtout lue pour l’ambiance plus que pour le scénario, bien qu’on s’attache aux personnages et à leurs blessures cachées.
Une romance en trame de fond, des notes d’humour, et une jeune femme qui disperse des petites éclaircies à travers des livres. Un mélange qui nous donne l’impression d’une histoire entre parenthèses. 

Sous le soleil de la lune

Auteur : SONJA KOURAKINE

L’histoire : 
Great Lake City, 1861. Rébecca, jeune mormone, se débat dans un quotidien étouffant sous l’autorité et la violence de son père. Le jour où un étranger blessé s’écroule à ses pieds, c’est le début d’une série d’évènements qui vont l’entraîner bien loin de sa ferme familiale. Car Rébecca n’est pas une simple jeune fille, d’étranges facultés sommeillent en elle…
Des tribus amérindiennes à un autre continent, son corps, son esprit et son coeur rencontreront bien des épreuves. Au bout de ce chemin découvrira-t-elle enfin qui elle est ?
 
Extrait : Depuis lors, chaque soir, elle s’enfuyait pour vivre. Elle n’était plus la fille d’un austère pasteur mormon, mais elle était tout simplement elle, la Fille de la Forêt, sauvage et libre, la fille de personne, la danseuse du clair de lune aux rythmes des batraciens des champs détrempés. Elle en oubliait son propre nom. Rébecca Brightman dormait enfermée dans sa chambre et elle, elle dansait sous le soleil de la lune. 
  

Mon avis : 
Si je devais le résumer en trois mots ce serait : Original, Inattendu et Onirique.
La première idée de l’histoire que je me suis faite a été balayée par le déroulement de l’intrigue. La surprise se ressent aussi dans le style narratif qui décroche progressivement du schéma classique pour nous plonger peu à peu dans une ambiance mystérieuse, plus onirique. À l’image de l’héroïne, notre esprit s’ouvre aussi face au mélange de cultures. Pour autant on reste accroché sans soucis.
Un début qui nous happe rapidement avec une plume fluide, féminine, teintée de poésie et de sensualité à certains passages.
La romance est un des fils principaux de l’histoire mais elle n’est pas étouffante, et sans vulgarité. L’ambiance mystérieuse et un peu surnaturelle lui donne un cachet particulier.
À titre personnel j’ai surtout aimé le début et la fin (même si le milieu se lit facilement), pour un premier roman c’est une vraie surprise et agréable en plus !

Si vous souhaitez découvrir un sentier qui vous emmène des tribus amérindiennes aux légendes d’Écosse n’hésitez pas !

La Trilogie de l’Empire

Auteur : RAYMOND E. FEIST et JANNY WURTS

L’histoire : Une jeune fille s’apprête à entrer au service de Lashima, déesse de la Lumière. Au dernier coup de gong la cérémonie est interrompue, des soldats viennent chercher leur nouvelle maîtresse. Le destin l’a décidé : Mara ne deviendra pas moniale. La mort de son père et de son frère place le sceptre des Acoma entre ses mains. Sa maison est au bord de la ruine, ses ennemis trop puissants.
Dans l’empire les luttes de pouvoir entre les nobles ont une telle importance qu’elles portent un nom : le jeu du Conseil. Tous les coups sont permis, dissimulés dans l’ombre d’un code de l’honneur implacable. C’est une bataille désespérée qui attend la jeune souveraine.
Parmi les personnages qui l’entourent il faudra faire un choix : l’allié d’aujourd’hui peut devenir l’ennemi de demain. Accompagnée d’une poignée de gens loyaux, Mara va emprunter un chemin difficile qui la mènera jusqu’à la Cour Impériale.
À quel prix ?

Extrait :
  — Vous, soldats sans maîtres, écoutez-moi attentivement.
   Elle fit une pause, attendant que les bavardages jubilatoires des ouvriers qui venaient de prêter serment s’évanouissent sur la route. Délicate à côté du corps mince et musclé de Papéwio, Mara défia du regard les compagnons de Lujan les plus frustes et les plus débraillés.
  — Je vous offre une chose qu’aucun guerrier dans l’histoire de l’empire n’a connue : une seconde chance. Qui parmi vous reviendra dans mon domaine, pour gagner un nouvel honneur… en s’agenouillant devant le jardin sacré et en prêtant serment au natami des

Acoma ?
  Le silence régna sur la clairière, et pendant un instant il sembla qu’aucun homme n’osait respirer. Puis un désordre indescriptible éclata.
 


Mon avis : Une trilogie épaisse mais sans longueurs. L’univers fantasy sert surtout de décor (faune, flore, paysages …). À part une race de magiciens et une race insectoïde, les autres peuples sont tous humains. Le coeur de cette saga est vraiment le jeu du Conseil : intrigues, complots, trahisons, assassinats, espionnages, embrouilles politiques, alliances militaires et familiales, accords commerciaux etc.
Pour ceux qui aiment cette ambiance plus « cérébrale » vous êtes au bon endroit (il y a aussi des combats je vous rassure) !
C’est très riche, complexe mais pas inabordable. Le style est assez fluide, la plume nous emporte vite. Même s’il y a de la romance elle n’est pas au premier plan. Les personnages et les dialogues sont soignés, on rentre dans l’histoire sans problème.  À chaque tome on monte d’un cran, les morts sont plus nombreuses et plus violentes (pour les lecteurs/lectrices très sensibles certains passages peuvent être difficiles, notamment à partir du tome 2).

Une série que j’ai lue et relue : à chaque fois je me suis laissée happer sans y prendre garde. Un réel plaisir, surtout qu’au niveau ambiance il y a une grosse influence de l’époque Empire du Milieu et du Soleil Levant.
Un sentier qui vous mènera dans un autre monde, sur les pas d’une jeune femme prête à tout pour survivre.